Québec solidaire joint sa voix à la Coalition des victimes collatérales, aux élus municipaux de la région, à la Fédération de l'UPA-Estrie, l'organisme Eau Secours pour demander au gouvernement du Québec que le financement provincial promis pour la voie de contournement de Lac-Mégantic soit conditionnel à la tenue d'un nouveau BAPE.
Les communautés de Lac-Mégantic et des municipalités avoisinantes ont vécu une catastrophe humaine et environnementale il y près de 11 ans. Les groupes présents aujourd'hui s'interrogent sur le tracé actuel et les conséquences sur les citoyens, dont plusieurs ont été directement touchés par la tragédie. Les travaux de dynamitage et la destruction d'au minimum 66 hectares de milieux humides font partie des principales préoccupations nommées tant par les citoyens que par les organismes qui les soutiennent
« Quand on entend les gens de la région nous parler de leurs craintes face à ce projet, on comprend assez rapidement qu'il n'y a pas l'acceptabilité sociale nécessaire pour aller de l'avant. Le tracé actuel engendrerait des pertes importantes de milieux humides et de terres agricoles, il pourrait mettre en péril la qualité de l'eau potable. Le gouvernement du Québec s'est engagé à payer 40 % d'une facture pour l'instant estimée à près d'un milliard de dollars, mais avant de financer un projet d'une telle envergure, il faut s'assurer qu'il y a de l'acceptabilité sociale et que ça ne sera pas un saccage environnemental. On demande au gouvernement du Québec de rendre sa part de financement conditionnelle à un BAPE qui serait favorable », explique la députée de Sherbrooke Christine Labrie, qui est aussi la responsable solidaire de la région de l'Estrie.
Les résidents de trois municipalités touchées se sont d'ailleurs majoritairement prononcés
contre le projet actuel dans le cadre de sondages ou de référendums ayant eu lieu en 2022 et 2023. « Nous avons tenu un référendum en février 2023 et 92,5 % de la population s'est prononcée contre le tracé actuel. Ce projet apporte beaucoup d'inquiétudes dans notre communauté et le gouvernement doit poser des gestes concrets pour les apaiser », exprime Gaby Gendron, maire de Frontenac.
Selon Kurt Lucas, un membre de la Coalition des victimes collatérales de la voie de contournement, le projet de la voie de contournement proposé est démesuré et déraisonnable. « Les données obtenues depuis le dernier BAPE ne démontrent pas que ce projet répond à l'intérêt public, bien au contraire », a-t-il commenté. « Si on veut vraiment aider la population de la région de Lac-Mégantic, il faut éviter de créer une autre catastrophe humaine, écologique et environnementale, pour nous et pour les générations à venir », s'inquiète Yolande Boulanger, une agricultrice membre de la coalition, qui a elle-même perdu un petit-fils dans la tragédie.
La Fédération de l'UPA-Estrie ainsi que le Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec estiment que l'opposition que suscite le projet de voie de contournement dans la population locale, les conséquences environnementales et les impacts futurs sur les activités agricoles et forestières justifient que le gouvernement provincial fasse preuve d'une plus grande prudence à l'égard de ce projet. « Nous estimons qu'il est temps de mettre fin à l'absurdité de ce projet et de revenir à une solution qui améliore la sécurité ferroviaire pour
l'ensemble des citoyens de Lac-Mégantic, des environs et de l'ensemble des citoyens du pays. Il est encore possible d'éviter une autre catastrophe écologique, humaine et financière pour une population qui a assez souffert de la négligence des instances responsables de sa sécurité et de son bien-être », demande André Roy, président du Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec. « Qui expliquera à la population locale d'où proviendra l'eau de
consommation si la nappe est contaminée par des travaux ou qu'elle se stabilise à un niveau trop bas dans quelques années ? N'observons-nous pas de plus en plus de sécheresses ? Il faudrait y voir partout sauf autour de Lac-Mégantic ? Qui à Québec se lèvera pour ne pas abandonner sa souveraineté environnementale aux mains du fédéral ? », questionne quant à lui Michel Brien, président de la Fédération de l'UPA-Estrie.
L'organisme Eau Secours déplore qu'un projet d'une telle ampleur soit exempté d'analyse d'impact et de consultations publiques, alors que les craintes et les conséquences sur les communautés locales sont bien réelles. « Une fois de plus, nous sommes confrontés à un projet d'envergure qui n'est soumis à aucune étude d'impact ni consultation publique. C'est l'intégrité des milieux humides et des sources d'eau potable qui sera affectée et les communautés locales impactées. Nous demandons à Québec d'aider les citoyens de la région de Mégantic à préserver leur eau en exigeant des consultations publiques sur ce projet », a pour sa part demandé Rébecca Pétrin, la directrice générale d'Eau secours.
Rappelons que, le 6 juillet 2013, un train transportant du pétrole brut a dévalé une pente à partir de la municipalité de Nantes et a déraillé au centre-ville de Lac-Mégantic, déclenchant des explosions et un incendie où 47 personnes ont perdu la vie. Le projet de voie de contournement ferroviaire a été annoncé peu de temps après, afin que le train ne passe plus au centre-ville de la municipalité endeuillée.
SOURCE Aile parlementaire de Québec solidaire
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