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François Jacques et Julie Morin: Expliquez-nous

Photo du rédacteur: André LapierreAndré Lapierre


Une demande raisonnable et légitime

Nous aimerions reprendre certains propos du député François Jacques et de la

mairesse Julie Morin parus dans l’Écho de Frontenac le 7 juin. François Jacques affirme

que « plusieurs faussetés ont été véhiculées » lors de la conférence de presse de

Québec Solidaire le 3 juin demandant la tenue d’un nouveau BAPE dans le dossier de

la voie de contournement. Pourtant, tous les points partagés lors de cette conférence

de presse étaient référencés et étaient issus de données publiques décrites dans les

rapports AECOM, Golder-WSP, Englobe. Si seulement le député Jacques pouvait

appuyer ses propos avec des références ou des données spécifiques, peut-être

pourrions-nous alors avoir un réel dialogue.


Nous apprenons de M. Jacques que le financement de la voie de contournement serait

interrelié au financement du tramway de Québec et de la ligne bleue du métro de

Montréal. Trois projets totalement distincts présentant des enjeux d’acceptabilité sociale

et des impacts économiques et environnementaux complètement différents. En quoi

ces « deals » entre Québec et le fédéral empêcheraient-ils le gouvernement provincial

d’être responsable et de s’assurer que le projet de voie de contournement, qu’il

s’apprête à financer, n’est pas démesuré et complètement déraisonnable?


François Jacques cite que le dossier est devant l’Office des transports du Canada

(OTC) et que le dossier est avancé et est près de la ligne d’arrivée. En fait, le dossier

est toujours incomplet. D’ailleurs, quand l’OTC débutera sa revue, elle devra tenir des audiences publiques et rendre disponible tous les documents techniques reliés au projet.


M. Jacques fait erreur également quand il mentionne que l’OTC attend une contre-

expertise hydrologique. L’OTC attend plutôt un plan de gestion des puits. L’OTC veut

comprendre ce qui sera fait QUAND (et non pas SI) les puits des citoyens seront à sec

ou quand la nappe phréatique sera contaminée.


M. Jacques accuse l’UPA de s’inquiéter inutilement de la nappe phréatique alors qu’il se

dit rassuré par l’experte en hydrologie (Julie Gauthier de la firme Laforest Nova Aqua)

qui explique à Radio-Canada Estrie le 7 novembre 2022 « qu’on est venu chercher les

garanties au maximum, dans l’incertitude de ce qui va se passer ». Que valent des

garanties quand on ne sait pas ce qui va se passer? La Coalition de Victimes

Collatérales (CVC) a demandé à un hydrologue indépendant, Sébastien Raymond,

docteur en hydrologie et en qualité de l’eau, ingénieur en environnement, professeur

associé à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et professeur à

l’Université Laval en génie civil et en génie des eaux, de revoir et commenter le rapport

d’hydrologie d’Englobe de 2022. La conclusion du professeur Raymond est facile à

comprendre : « il apparaît que la voie de contournement sélectionnée peut impacter de manière très significative l’environnement, la santé publique et la société. Le tracé sélectionné n’apparaît donc pas comme une solution viable. »


M. Jacques dit que les enjeux de sécurité, de paix sociale, de santé mentale et

d’environnement ont été pris en compte dans le BAPE antérieur. Comme présenté lors de la conférence de presse de Québec Solidaire, voici quelques éléments qui ont été dévoilés au public APRÈS la fin des consultations du BAPE 2019 : une augmentation de 155 % dans la superficie des milieux humides qui seront détruits; des risques de contamination et de diminution d’eau potable et de rabattements de sol; une forte opposition au projet démontrée par le référendum de Frontenac en 2023 (92,5 % contre) et trois sondages téléphoniques scientifiques en 2022; Frontenac et Nantes ont retiré formellement leur appui au projet à la suite des inquiétudes de leurs citoyens; les superficies des emprises à acquérir ont augmenté de 75 %; la relocalisation de la gare de triage dans le parc industriel et l’impact sur les résidences avoisinantes n’ont pas fait l’objet de consultations auprès des citoyens; les coûts pour les contribuables ont augmenté de 800 %; les maires de la Beauce s’inquiètent des impacts du projet sur l’intégrité de la rivière Chaudière qui fournit l’eau potable à des milliers de citoyens…


N'oublions pas que lors du précédent BAPE, il n’y a pas eu mention que le tracé

ferroviaire retenu passe directement dans une aire de protection de prise d’eau potable

protégée par 2 arrêtés ministériels du Québec contre toute exploration et exploitation

minière; à la demande de la Ville de Lac-Mégantic. Pas besoin d’être un ingénieur ou

un hydrologue pour réaliser qu’excaver des tranchées profondes directement dans et

sous le niveau de l’eau souterraine à Frontenac provoquera une multitude de

problèmes difficilement prévisibles ou contrôlables.


À la lumière de ces faits, comment M. Jacques peut-il affirmer que tout a été évalué

adéquatement en 2019? Et que ces nouvelles données ne commandent pas de prendre

un peu de recul afin d’évaluer si les risques ne dépassent pas largement les bénéfices

du projet proposé. Quels bénéfices au fait? Démontrez vos preuves si vous en avez.


Contrairement à ce qu’affirme Mme Morin, ce ne sont pas « certains citoyens » qui

s’opposent au projet, mais bien la vaste majorité et pour de très bonnes raisons qui

n’ont rien à voir avec des perceptions ou de l’émotivité.


Arrêtez donc de prendre les citoyens pour des ignorants et des traumatisés. Cessez de

banaliser les immenses défis et risques du projet. Avec preuves à l’appui, montrez-nous

que le projet a l’acceptabilité sociale pour aller de l’avant. Montrez-nous comment vous

allez empêcher la contamination et la diminution de l’eau potable (la « surveillance »

n’est pas une mesure de mitigation). Montrez-nous comment vous allez prévenir et

gérer les affaissements de sol allant jusqu’à 23 m le long du tracé et autour de l’usine

Tafisa. Montrez-nous où seront déversés les 5,5 millions de litres d’eau (par 100 m, par

jour) lors du dénoyage, soit l’équivalent de 733 camions citernes, et quel sera l’impact

sur l’intégrité de la rivière Chaudière. Expliquez-nous comment un tracé avec une pente

similaire à la voie actuelle, 3 fois plus de courbes prononcées et une vitesse des trains

4 fois plus vite, est plus sécuritaire que la situation actuelle. Expliquez-nous pourquoi

les trains sifflent toujours. Expliquez-nous pourquoi les autorités limitent le volume de

captage d’eau maximal par les puits municipaux à 6192 m 3 par jour, mais qu’il est tout à

fait acceptable de gaspiller 5500 m 3 d’eau potable par jour (par 100 m) lors du

dénoyage.


La CVC, Québec Solidaire, la Fédération de l’UPA-Estrie, la Syndicat des Producteurs

forestiers du Sud du Québec, l’organisme Eau Secours, le Conseil régional de

l’environnement de l’Estrie, le Fond Héritage pour l’environnement, les municipalités de

Frontenac et de Nantes ne tentent pas de « gagner du temps », Mme la mairesse

Morin. Nous tentons sincèrement d’éviter une autre catastrophe humaine et

environnementale à une population qui a déjà assez souffert. La tenue d’un nouveau

BAPE, à la lumière des nouvelles données ayant fait surface depuis 2019, est une

demande raisonnable et légitime. La science doit prendre le dessus sur les émotions;

au bénéfice des générations qui suivent, de l’environnement et des finances publiques.


Source:

La Coalition de Victimes Collatérales

La Fédération de l’UPA-Estrie

Le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec



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