Voie de contournement (VC) ferroviaire de Lac-Mégantic – Session d’information de Transports Canada sur le plan de surveillance de l’eau potable des citoyens
Des citoyens sont en colère, sont loin d’être rassurés et n’ont aucune confiance dans le plan d’action
Plusieurs représentants de la Coalition des victimes collatérales (CVC) étaient présents lors de la rencontre du 18 novembre 2024 organisée par Transports Canada (TC). La session était fermée au grand public et aux médias; seuls les citoyens ayant reçu une invitation pouvaient y participer.
La très vaste majorité des 60 citoyens qui étaient présents à la rencontre du 18 novembre ne sont pas des expropriés de la VC mais sont des victimes collatérales qui ont le malheur d’habiter dans des zones ‘à risque’ identifiées par Englobe (par modélisation) dans son étude hydrologique de 2022.
Selon LNA, cent vingt puits (120) résidentiels situés dans les zones sont ‘à risque’ et subiront des problèmes de qualité et/ou de quantité d’eau potable.
Voici ce qu’a dit Julie Gauthier, hydrogéologue de la firme LNA en réponse à une question sur le risque de la construction de la VC sur l’eau potable : ‘Il y a des impacts réels et sérieux’; et ensuite d’ajouter ‘Les villes [Lac-Mégantic, Frontenac et Nantes] sont toutes au courant que c’est sérieux les impacts [de la VC sur l’eau potable]’.
Rappelons que les municipalités de Nantes et de Frontenac ont fait le choix d’écouter leurs citoyens et de défendre leurs intérêts : ils n’acceptent pas le plan de surveillance d’eau et rejettent le projet de VC avec le tracé choisi compte tenu des risques et du manque d’acceptabilité sociale. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental et indispensable pour maintenir des moyens de subsistance sains.
C’est particulièrement troublant que la firme LNA a fait les études hydrologiques, pour la ville de Mégantic (VLM) en 2004 et 2006, afin de demander au gouvernement du Québec de protéger un vaste secteur contre toute activité minière compte tenu de l’importante aire de captage d’eau souterraine qui s’y trouve. Deux arrêtés ministériels ont été émis afin de protéger cette zone sensible. Or, c’est exactement dans ce secteur protégé qu’on procèdera au dynamitage, à l’excavation et au dénoyage extrême pour construire de profondes tranchées directement dans, et sous, le niveau de la nappe phréatique. Aujourd’hui, cette même firme (LNA) tente de rassurer les citoyens que leur plan d’action va les protéger et va régler tous les problèmes d’eau qu’ils vont rencontrer.
La CVC et ses partenaires le répètent depuis la lecture du rapport Englobe : les promoteurs du Projet de la VC sont devant une certitude : il y aura des problèmes sérieux avec la qualité et la quantité d’eau potable de centaines de citoyens. Tout promoteur de projet responsable aurait mis son projet sur ‘pause’ et aurait évalué des alternatives (au tracé) afin d’éviter, à tout prix, de mettre en danger la santé et la sécurité de centaines de citoyens. Or, c’est tout le contraire qui s’est produit - TC et la mairesse Julie Morin foncent têtes baissées avec le tracé choisi peu importe les conséquences (environnementales, humaines, financières, sécuritaires).
Lors de la session du 18 novembre, plusieurs citoyens de Frontenac ont raconté les multiples problèmes d’eau qu’ils ont connus, par le passé, lorsqu’on a creusé les puits municipaux pour la ville de Mégantic. Certains ont été malades car ils ont bu, à leur insu, de l’eau contaminée. D’autres ont subi une baisse significative et irréversible du niveau d’eau dans leurs puits, ou ont eu la mauvaise surprise d’avoir de la boue dans la baignoire, ou ont dû changer leurs électroménagers endommagés par l’eau... Ces citoyens sont complètement découragés à l’idée de revivre ce cauchemar avec la VC.
Contrairement à ce qu’affirme TC, un plan de surveillance des puits n’est pas un plan de protection des puits.
Un plan de surveillance des puits, comme celui proposé par TC et LNA, n’est pas une mesure
d’atténuation; ce plan d’action ne fait rien pour protéger les citoyens car l’action est prise un fois que le problème survient. Comment éviter que les citoyens ingèrent des contaminants cancérigènes ou bactériens à leur insu? Comment éviter que le puits s'assèche? Comment compenser la perte de valeur de la résidence qui n’a plus d’eau potable?
En toute connaissance de cause, TC et VLM vont de l’avant avec un Projet qui non seulement est rejeté par la vaste majorité des citoyens des 3 municipalités affectées, mais qui met à risque la santé et la sécurité de centaines de citoyens en affectant directement la qualité et la quantité de l’eau potable. Utiliser les citoyens comme cobayes est irresponsable.
D’ailleurs, les citoyens demandent à TC l’établissement de contrat légal pour chaque propriétaire avec les garanties définies par écrit. Les citoyens demandent aussi une protection ‘à vie’ (et non seulement durant la ‘phase de construction’ de la VC). Voici la réponse de Catherine Hudon, Directrice Générale du Projet de la VC (Transports Canada) : il n’y aura ‘pas de garantie écrite comme un contrat’. Et d’ajouter que c’est plutôt l’Office des Transports du Canada qui assurera (via son approbation du Projet) la protection légale des citoyens (!), Aussi bien répondre : chers citoyens, bonne chance et débrouillez-vous avez vos problèmes !
En plus de couper court à la période de questions (alors que plusieurs citoyens voulaient s’exprimer), TC donne maintenant aux citoyens 30 jours pour revoir 3 document techniques volumineux sans offrir l’opportunité d’obtenir l’aide d’experts indépendants; une approche inacceptable qui empêche les citoyens de bien s’informer, de défendre leurs droits et de se protéger contre les décisions déraisonnables des élus.
A propos de la Voie de Contournement : La CVC réalise que la réaction naturelle et bienveillante de ceux qui ne connaissent pas les détails du Projet de voie de contournement est de penser que ce Projet est une bonne chose pour la population affectée par la tragédie de 2013 et doit se réaliser au plus vite. Or, dès qu’on prend le temps d’analyser les rapports, de regarder objectivement les données, d’écouter la population des 3 municipalités qui s’oppose majoritairement au Projet, on réalise que le Projet avec le tracé proposé causera beaucoup plus de torts que de bénéfices, avec une sécurité ferroviaire diminuée (versus la situation actuelle), des impacts environnementaux sans précédents et des conséquences néfastes sur la santé et la sécurité des citoyens (entre autres en ce qui concerne l’eau potable).
Source CVC
30 jours pour lire et assimiler l’information qui se trouve sur 3 documents exhaustifs c’est un délai très court. On fait 3 dossiers différents comme si les facteurs ne se multipliaient pas l’un avec l’autre. Il y aura des répercussions à tous les niveaux et aucun spécialiste ne semble oser se prononcer sur les effets communs car ce n’est pas leur domaine d’expertise. À croire que ce sont des données imprévisibles. On lance le projet dans les airs et on croise les doigts que ça nous ne retombent pas sur la tête!!!